Les analyses menées par l’Union paysanne pour le développement de Kisangani, en sigle UPDKIS, en septembre 2021, évaluent à 70 % le poids des transports à la vente habituelle de toutes les charges ordinaires d’évacuation des produits agricoles par les paysans dans la province de la Tshopo. Selon QUADRATUS MUGANZA, président de cette faitière des organisations paysannes, « ces charges se répercutent sur le volume de revenus des petits producteurs ».
La commercialisation de produits agricoles à besoin d’appui, du soutien et d’assistance. C’est ce qui a milité à l’organisation le 16 novembre 2021 d’une journée de plaidoyer pour chercher des solutions aux problèmes qui étranglent le commerce des produits agricoles par les paysans de province de la Tshopo (au nord-est de la RDC).
Etaient à ces fructueux échanges, le gouverneur de la province et le bureau de l’assemblée Provinciale, ainsi que les députés provinciaux des territoires d’Isangel, Opala et Banalia. Les ministres provinciaux des finances, de l’agriculture et celui de l’intérieur qui sont directement concernés par les 4 problèmes majeurs qui étranglent le commerce des produits agricoles. Les chefs de division de l’inspection provinciale de développement rural et celui de l’agriculture pêche et élevage ont pris part active à ces réflexions. Et la faitière des organisations paysannes de la Tshopo.
L’expérience de l’UPDKIS, en vente groupée des produits agricoles dans trois territoires de la Tshopo Banalia, Isangi et Opala a une incidence directe sur l’économie rurale et sur les paysans les plus pauvres dont le rrevenu produit par rapport à leur vente individuelle. Uniquement pour les 2 saisons agricoles de l’année 2020, chaque paysan a tiré une plus-value de bénéfice de 214,1 $ USD par la tonne de riz blanc contrairement à la vente habituelle qui se chiffre à 93. $ USD la tonne.
Les charges du transport varient autour de 52% à la vente groupée contre 70% quand ils vendent seuls, précise le rapport de l’UPDKIS.
GOULOT D’ÉTRANGLEMENT
Au cours d’un atelier provincial sur la stratégie de commercialisation des produits agricoles dans la province de la Tshopo organisé la semaine dernière à Kisangani avec l’appui de l’agence belge au développement, Enabel, dans son programme pour le développement agricole dans la province de la Tshopo. Au terme des réflexions nourries, des résolutions concrètes ont été prises sur quatre problématiques qui gangrènent le commerce des produits agricoles dans la Tshopo.
Le 1er défi est celui des taxes. « Les paysans de la Tshopo vivent les calvaires dans les ports à cause de multiples services qui taxent tous les produits agricoles à chaque accostage des pirogues et baleinières », rapporte Delphin MAZOMBO, le secrétaire exécutif de l’UPDKIS. Trop de taxes et tracasseries, les paysans qui ravitaillent la ville de Kisangani sont souvent malmenés par de nombreux services et agents de l’Etat, de fois non habiletés à œuvrer dans ces ports. Les autorités peinent à les démanteler comme les différentes barrières sur les routes qui rançonnent les paysans.
Les participants à l’atelier du 16 novembre dernier proposent l’organisation des ventes groupées qui va faciliter la traçabilité des produits agricoles. Aussi, qu’un édit soit produit pour harmoniser les taxes. Ils souhaitent aussi de promouvoir une transparence de gestion des taxes des produits agricoles afin d’espérer en contreparties l’amélioration des tissus sociaux de bases. En instaurant de guichet unique de perception des taxes pour maximiser les recettes en vulgarisant leur nomenclature dans les ETD. Aussi, qu’on exonère le secteur agricole de certaines taxes, ou alléger, si pas enlever carrément d’autres. Le cas de la taxe d’évacuation des produits agricoles entre les secteurs et les territoires. Pour qu’on ouvre les horizons.
Le second défi ayant fait l’objet de plaidoyer des paysans dans la province de la Tshopo c’est relatif à la présence de plusieurs unités de mesure. Il a été convenu d’organiser des séances de sensibilisation sur les mesures standards et d’appliquer la vente au poids/volume en mesure standard international.
UNE GRANDE POTENTIELLE AGRICOLE. MAIS !
« A l’heure des intégrations régionales, la Tshopo, tout comme la RDC se voit dans l’obligation de normaliser et de contrôler la mise en place de système de métrologie », soutient Prospère TEMA, coordonnateur provincial d’Enabel dans la Tshopo. L’option de l’UPDKIS en tant que faitière est de parvenir aux plans de développement qui sont axés sur le commerce agricole répondant aux objectifs de durabilité. Pour se faire, il a été soutenu le vote des édits pour une règlementation des marchés des produits agricoles dans les territoires.
Aussi, que les expériences de vente groupée initiées par l’UPDKIS, à travers les bureaux de vente soient dupliquées sur l’ensemble de 7 territoires de la Tshopo. C’est à ce prix que les organisations paysannes espèrent parvenir à renverser les relations des forces. Pour que les négociations des produits agricoles puissent se faire en égo entre acheteurs et paysans. Ceci pourra être possible aussi en favorisant la concertation des paysans dans les territoires afin de créer des réseaux de partage de pratiques de vente.
Le 3e défi est celui des voies d’évacuation des produits agricoles. Avec environs 4 millions d’habitants, la première province du territoire congolais en superficie, la Tshopo compte environs 420 000 ménages agricoles dans 7 territoires, hors mis les hinterlands de la ville de Kisangani. Elle est riche en terres arables et dotés d’une main‑d’œuvre dynamique pour améliorer les revenus et stimuler le développement à la base. Néanmoins, il faut des politiques publiques pour investir dans les activités agricoles. Parce que le potentiel de la production uniquement de riz blanc dans la Tshopo est autour 200.000 tonnes par an. Mais, le potentiel de production de paysans membres de l’UPDKIS représente juste environ 2,5% de la production provinciale.
PROMULGUER L’ÉDIT POUR LES RDA
Dans la ville de Kisangani, capitale de la province, située à 1700 km à l’Est de Kinshasa, il y a des grosses demandes des marchés extérieurs à la province entrainant hausse de prix des produits agricoles localement. Il y a les grandes villes de l’est du Congo, y compris l’Ouganda et le Rwanda qui se ravitaillent en produits agricoles à partir de la Tshopo.
LUPDKIS a sollicitée auprès du gouvernement provincial un espace pour construire le siège provincial des organisations paysannes. La Tshopo est parmi les rares grandes villes de l’est de la RDC qui ne dispose pas d’une référence physique. « La construction à Kisangani d’un dépôt des produits agricoles des paysans va permettre à l’UPDKIS, d’accroitre sa visibilité à l’échelle provinciale et régionale. Grâce à cette infrastructure de stockage et de représentation, la faitière disposera, non seulement des installations de sécurité pertinentes et nécessaires, mais aussi des moyens opérationnels indispensables pour la commercialisation des produits agricoles des petits producteurs », fait savoir QUADRATUS MUGANZA, président de l’UPDKIS.
Face aux potentialités agricoles de la Tshopo, il a été proposé ce qui suit à l’atelier de Kisangani, pour tenter de résoudre les problèmes des voies d’évacuation des produits agricoles : « qu’il soit promulgué l’édit, qui existe déjà, portant création de fonds d’entretien routier avec méthodologie de partage des fonds dans la province de la Tshopo », défend Paulin LENDONGOLIYA, député provincial élu du territoire de Banalia.
Qu’on arrive à décentraliser le FONER en encourageant les initiatives locales d’entretien routier. Il faut mettre en place un cadre de concertation spécifique aux routes des dessertes agricoles en expérimentant la méthode dénommée 3 X 6 par le système de haute intensité de la main d’œuvre HIMO.
Pour relever le 4e défi lié aux moyens et infrastructures, il est proposé qu’on alloue un budget conséquent par rapport aux années antérieurs, à exécuter dans le secteur agricole. Accompagner les ETD par un modèle de cogestion efficace dans l’entretien des routes de desserte agricole « RDA ». L’administrateur du territoire d’Isangel, José MIMBENGA, espère bénéficier des efforts supplémentaires pour soutenir l’agriculture familiale qui constituent l’essentiel de la main‑d’œuvre de leurs entités de base.
« La Tshopo doit arriver à imprimer ses marques au pays et dans la sous-région grâce aux volumes des produits agricoles qu’apporteront les paysans pour que ces derniers puissent avoir un pouvoir économique fort », croit dur comme fer, Delphin MAZOMBO, secrétaire exécutif l’UPDKIS.
Ernest MUKULI
More Stories
Les producteurs agricoles de la CONAPAC formés sur la construction de résilience au changement climatique
CONAPAC : Cap vers l’entrepreneuriat agricole durable
Message de la CONAPAC pour le mois de la Femme -Mars 2023